LA ROUTE 66 EN HARLEY
OU COMMENT NE PAS (TROP) Y GALÉRER
J’AI FAIT LA ROUTE 66, trois semaines de traversée, 6398 kilomètres au compteur (3976 miles), en comptant les inévitables détours vers les Parcs Nationaux et les inévitables demi-tours qu’impose cette angoisse permanente:
– mais où est cette putain de Route 66?
Car la Route 66 ne s’offre pas: elle se cache, elle s’interrompt, elle longe la Highway par la droite puis brusquement, elle passe côté gauche, elle reprend là où ne l’attendait pas/plus, elle change de nom ou elle disparaît purement et simplement.
Bref, elle se joue du visiteur, fut-il son plus fidèle zélateur.
Au sens strict, l’itinéraire parcourt une distance totale de 3940 kms (2280 miles).
L’accomplir était un très vieux rêve qui datait de bien avant l’obtention de mon permis moto, j’y pensais avant même de savoir ce qu’était une motocyclette et si j’ai passé le permis A, c’était en partie avec l’espoir de faire un jour la Route 66.
En Harley-Davidson, bien sûr.
Easy Rider était passé par là, quoique je me souhaitais un sort moins funeste que celui de Dennis Hopper et Peter Fonda à la fin du film.
Et pour être honnête, la question vraiment dramatique est plutôt:
– comment traverser les États-Unis sur un engin aussi inconfortable?
Précisons que le film ne suit nullement la Route 66: l’itinéraire des héros les conduit de Los Angeles à la Nouvelle Orléans, une route plus au sud qui couvre environ 2000 miles (3200 kms).
Il faut donc en déduire que nous sommes là dans une forme d’hallucination collective, de mythe partagé autour d’un objet motorisé et de la naissance, surtout, du road-movie dont, bien des années plus tard, Thelma et Louise, fut l’autre jalon culte.
On ne trouvera pas ici une énième Revue de la Route 66 mais le journal de bord fidèle d’une expérience individuelle.
Bien avant de partir, j’ai fait le tour des sites (pléthoriques) et des publications – livres dédiés, magazines hors série – traitant de la Route 66, regorgeant de conseils, lesquels ont été dans l’ensemble utiles.
Pour se mettre dans l’ambiance, c’est très bien, on est confiant.
SAUF QUE.
Sauf que j’ai découvert a posteriori qu’aucune de ces sources ne m’avait préparé, au fond, aux mille petits détails de la réalité – notamment la phase de préparation qui est essentielle.
La réalité fut en effet souvent différente et si, dans ce modeste carnet de voyage, je peux préparer l’aspirant à ce qui l’attend en réalité, je m’estimerais content.
Commençons par le commencement.
Le point de départ officiel de la 66 à Chicago
1. LES QUESTIONS EXISTENTIELLES
– QUESTION 1: seul ou en groupe?
L’hypothèse de partir en groupe réclame réflexion et circonspection: même accompagné de motards amis avec lesquels on roule régulièrement, il est impossible d’adopter un rythme qui convienne à tous sur un parcours aussi long et souvent éprouvant physiquement.
La pause-pipi, la petite clope, le rafraîchissement, le coup de fringale ou de fatigue, une envie compulsive de shopping, la photo immanquable sont autant de moments obligés et précieux mais délicats à synchroniser et sources d’agacement collectif.
Je ne peux décemment recommander la découverte de cette route extraordinaire au milieu d’une horde, a fortiori d’inconnus dont on ne partage pas forcément les affinités, suivis d’un camion d’assistance trimballant les valoches, et sous la houlette d’arrêts pré-réglés comme du papier à musique dans des trucs à touristes qui font rater le reste.
D’autre part, plus le nombre de motos est important, plus la vitesse moyenne baisse et plus la durée des pauses (repas, visites de sites etc.) augmente. À durée de séjour égale, on peut toujours choisir de n’effectuer qu’une partie de l’itinéraire (par exemple, au départ de Saint-Louis via Atlanta ou de Santa Fe via Denver ou Phoenix) quand le voyage est organisé pour un grand nombre de motards.
Une autre option est de rouler « en groupe » mais « seul »: chacun embarque l’étape du jour dans son GPS, libre de rouler à son rythme et de choisir ses arrêts avec pour seule contrainte de rallier la meute le soir à l’hôtel.
Néanmoins, on aura compris que ma préférence va très nettement au trajet seul (ou, faut-il le préciser, avec son/sa passager/passagère) et en autonomie.
Choisis ton camp, camarade!
Photo © NA
– QUESTION 2: avec quelle moto?
J’ai écrit plus haut ‘en Harley bien sûr’ et je ne voudrais pas apparaître comme un aficionado de la marque alors que je roule moi-même en trail BMW au quotidien. Mais la Route 66, c’est autre chose, aussi bien sur le plan historique et socio-culturel que logistique: Milwaukee où se trouve l’usine Harley-Davidson n’est qu’à 1h30 de route de Chicago, point de départ de la 66, et les motos en circulation aux États-Unis sont très majoritairement des Harley. C’est évidemment une garantie de tranquillité en cas de pépin mécanique, tant les concessions et les ateliers dédiés sont nombreux.
Last but not least, les Américains, et les bikers en particulier, sont toujours très fiers de croiser des motards étrangers au guidon du symbole national: à chaque fois, la conversation s’engage spontanément, on glane des conseils sur quelque chose à voir ou à éviter, sur la bonne adresse pour déjeuner etc.
Bref, on n’a pas de doute au long du chemin sur le fait que rouler Harley met l’autochtone dans les meilleures dispositions possibles à votre égard.
Pour le choix du modèle, je recommande de taper dans la gamme Touring qui, comme son nom l’indique, offre les motos les plus adaptées en termes notamment de confort.
Vital, le confort, pour faire la 66.
En gros, 3 modèles sont proposés chez tous les loueurs: Road King, Street Glide et Electra Glide, auxquels on peut ajouter la Softail de la gamme Heritage.
Il n’y a aucune hésitation à avoir si on voyage en duo: l’Electra Glide ou rien.
Elle est, de très loin, la plus confortable et le traitement réservé au passager, qui endure les kilomètres au même titre que le pilote, est royal en fauteuil Pullman.
En alternative, avec un confort archi haut-de-gamme équivalent, on pourra aller loucher du côté de la Honda Goldwing (très populaire aux States), voire d’une BMW 1600 GT – ok mais le mythe, t’en fais quoi?
Notre Electra Glide Ultra Classic à Hackberry, AZ
Il faut veiller en tout cas à ce que la moto retenue dispose bien du régulateur de vitesse (Cruise Control, d’utilisation très simple sur la Harley) et indispensable pour affronter certaines lignes droites interminables du parcours; c’est aussi plus sûr pour se caler à la bonne vitesse: la loi américaine ne rigole pas vraiment avec les délits routiers qui peuvent facilement vous envoyer en taule!
Attention : les limitations (ville/route/autoroute) changent selon les États et la tolérance aux excès de vitesse également. À excès de vitesse égal, on paie une contravention dans tel État tandis qu’on est passible de prison dans tel autre! Il y a donc une règle simple: dès qu’un panneau SPEED LIMIT se présente, on mémorise la vitesse au régulateur et on ne s’en occupe plus jusqu’au panneau suivant.
Les flics sont capables de vous choper dans toutes les situations, notamment par hélico (imparable) ou par voiture-radar venant en sens inverse (imparable). Ils peuvent en outre avoir été appelés par un automobiliste que vous avez doublé et qui a jugé votre vitesse excessive: ce conducteur est un bon citoyen américain qui ne fait que son devoir en prévenant les autorités du danger que vous représentez pour la société (en revanche, le milk-shake de synthèse et les fusils d’assaut sont toujours en vente libre).
Enfin, quelle que soit la route, les camions sont soumis aux mêmes limitations que les voitures. Conclusion: ils foncent et, quand on les voit arriver dans le rétro, ça fait peur comme dans le film de Spielberg et quand ils vous doublent, ça souffle. Le moment est venu de mettre un coup de gaz et fuck la police! Dès que la bestiole de DUEL est à bonne distance, on lâche la poignée et le régulateur se recale à la vitesse idoine et légale.
– QUESTION 3: j’ai jamais conduit une Electra Glide…!
Avant de faire la Route 66, moi non plus.
Seule (et bonne) solution: louer pendant un week-end le modèle correspondant, quelques semaines avant le départ, pour prendre la moto en mains et se placer dans les conditions les plus proches du futur voyage. Un week-end, c’est bien, on a le temps de faire au moins 500 bornes et on conduit déjà différemment le deuxième jour sur la route du retour.
Le plus simple est de louer chez un revendeur officiel Harley mais ça douille pas mal, on trouvera ici un exemple des tarifs (Paris).
Le premier contact est un peu impressionnant, tant la bête paraît grosse, lourde et pataude. Une enclume avec un moteur de 1700 cc montée sur 2 roues.
Que nenni! Les 400 kilos et quelques du bestiau ne se sentent jamais et il ne faut pas se laisser intimider par son apparence; une fois lancée, la moto se conduit comme un vélo et la garde au sol, très basse, permet de n’être jamais piégé à l’arrêt où les deux pieds trouvent immédiatement leur appui.
Bon, je ne ferais pas le Stelvio avec mais pour les routes américaines, en particulier la 66, c’est parfait.
– QUESTION 4: itinéraire, la totale ou pas?
La Route 66 ou US Route 66 ou Mother Road date des années de la grande dépression américaine (à partir de 1926) quand la crise et le chômage condamnent des populations entières à l’exode vers « l’Eldorado » californien.
A cette époque, Chicago est la ville américaine qui connaît la croissance la plus forte, la démographie la plus élevée, et sa chute économique n’en est que plus spectaculaire.
Le krach de 1929, puis le New deal en 1937, vont jeter sur les routes de l’Ouest des milliers de migrants ruinés auxquels se joignent les fermiers frappés par les grandes sécheresses des années 1934-36.
A lui seul, ce petit rappel historique répond à la question de l’itinéraire: oui, definitely, la Route 66 doit être prise à son point de départ, en plein centre de Chicago. Ce n’est que comme ça qu’on peut en éprouver réellement la dimension, ce qu’elle a représenté, sa raison d’être. Ce n’est que comme ça qu’on découvre ce paysage qui change lentement au fil des miles et qu’on a la sensation physique de l’entrée progressive dans l’Ouest.
Je dois avouer cependant que, tout au long de mon périple, je n’ai croisé aucun biker, seul ou en groupe, qui fasse la 66 dans sa totalité. La plupart se sont montrés admiratifs (enfin, à l’américaine, hein, avec cet enthousiasme souvent disproportionné et un peu toc) du choix que j’avais fait de l’accomplir de bout en bout.
Et qu’on ne prenne pas pour prétexte que c’est le temps qui manque, que nécessité fait loi et que c’est pour ça qu’on attaque la 66 depuis le Texas! Le navigateur qui fait La Route du rhum relie Saint-Malo à Pointe-à-Pitre et je ne sache pas qu’il se fait parachuter aux Açores pour cause de planning surchargé!
La 66 ne peut pas se faire en moins de 3 semaines – il vaut mieux patienter et remettre le rêve à l’année suivante que de le bâcler avec une sensation d’inachevé.
C’est complètement à tort que la première partie de la Route – au moins jusqu’à Saint-Louis, voire jusqu’à l’entrée en Oklahoma – est réputée ennuyeuse et peu intéressante. D’abord, Chicago est la plus belle ville des États-Unis et il faut lui consacrer 2 ou 3 jours avant d’enfourcher le twin.
La Chicago River
Le Lac Michigan
Ensuite, à ma grande surprise, la longue traversée de la banlieue de Chicago se révèle très agréable: c’est une suite de petits quartiers cossus qui voisinent avec des friches industrielles plus ou moins en cours de réhabilitation, un patchwork un peu bordélique de moments de la société à différentes époques. Aujourd’hui, l’influence économique et culturelle de Chicago imprime sa marque et transforme peu à peu ses faubourgs.
Et puis, tout-à-coup, ça y est: l’urbs est derrière moi, j’entre dans la campagne verdoyante de l’Illinois…
l’Aventure commence pour de vrai
– QUESTION 5: en quelle saison?
Vous lirez partout que les meilleures saisons pour effectuer ce voyage sont l’automne et le printemps. C’est probablement vrai – l’argument est évidemment la chaleur et ça, c’est absolument vrai.
J’ai voyagé au mois d’août et subi des températures flirtant avec les 45°, notamment en Arizona. Ensuite, tout dépend de chacun et, pour ma part, je ne souffre pas habituellement de la chaleur et n’en ai pas davantage excessivement souffert. Quelques précautions doivent être prises (voir plus loin au chapitre de l’équipement) et il faut se conformer à l’interdiction pour les motos de traverser en été Death Valley (La Vallée de la Mort).
Le pays de la soif
En contrepartie, j’ai constaté une fréquentation – des motards en particulier – relativement faible et, franchement, j’ai beau être motard, je ne suis pas fâché d’en trouver moins que plus…! La route était presque toujours dégagée, voire carrément déserte pendant plusieurs dizaines de miles, on ne poireaute pas aux entrées des Parcs Nationaux, les hôtels ont des chambres libres etc.
Mais quelle que soit la période choisie, la distance parcourue expose à des changements de climat assez radicaux et la première partie du voyage, au moins de Chicago jusqu’à Joplin, Missouri, peut être pluvieuse (elle le fut au mois d’août) et même frisquette en dehors de la saison estivale.
Adrian, TX – point médian de la Route 66
– QUESTION 6: agence de voyage ou pas?
C’est une question que je me suis posée avant mon départ et à laquelle il n’y a pas de réponse idéale; on ne peut que lister les avantages et les inconvénients de faire appel à une agence spécialisée ou de s’en passer.
Perso, j’avais décidé de recourir à un spécialiste (recommandé par un ami, prudence quand même!) tout en gardant ma totale liberté et une organisation « à la carte » (dite formule Free Ride).
Je ne l’ai pas regretté.
Il s’agit de ALL WAYS ON WHEELS que je cite à toutes fins utiles et dont la prestation a été de très bon niveau.
L’agence est rassurante puisqu’elle abaisse théoriquement le coefficient de galères (avant et pendant le voyage) au niveau minimum. Elle s’occupe de (presque) tout avant le départ – avions, location de la moto (et la quasi certitude d’obtenir exactement le modèle demandé), hôtels, assurances, hélico au Grand Canyon ou entrées dans les sites le cas échéant, démarches à effectuer – notamment le formulaire ESTA pour le visa – etc.
En outre, s’occuper de tout cela soi-même réclame du temps et, pour ma part, je n’en disposais pas.
Une fois en route, l’agence aura le devoir de vous sortir de la panade si vous y êtes, notamment pour raison mécanique ou médicale, elle a des correspondants locaux et c’est souvent dans la grosse galère (que je n’ai pas connue) qu’on découvre son efficacité réelle.
Bon, tout ça, c’est le basique et ce que n’importe quel voyageur attend de son agence.
Là où ça se complique, c’est dans le déroulé proprement dit du voyage: combien d’étapes au total? Quel kilométrage (mileage) quotidien en fonction de la difficulté de telle ou telle étape et des sites à voir? Quand faire une pause d’une journée pour récupérer? Quand pousser un peu plus l’étape de la veille pour voir le soleil se lever le lendemain au-dessus de tel monument? Telle boucle absolument pas prévue dans l’itinéraire est-elle néanmoins faisable en reprenant ensuite la 66 par là ou là?
De ce point de vue, l’expertise d’un spécialiste est précieuse et le GPS non plus que les trajets savamment concoctés sur Google Maps ne peuvent le remplacer.
La promesse d’une Route 66 réussie, suivant au plus près le tracé d’origine, ne recourant à un tronçon d’autoroute qu’à la dernière extrémité, n’obéit en effet qu’à un seul Dieu: un ROAD-BOOK (RB) en béton!
La 66 dans son jus, en Oklahoma
Ok mais des road-books de la 66, on en trouve à la pelle sur Internet, non?
Certes mais comment savoir s’ils sont fiables? On ne peut le découvrir qu’une fois sur la route, quand c’est trop tard!
Or, je l’ai évoqué, la Route 66 est très difficile à suivre sans la (se) perdre. Elle a été « déclassée » en 1985 – elle n’est plus une route « officielle » -, laissée à l’abandon pendant près de 20 ans, soumise donc à toutes les suppressions sauvages avant qu’un collectif de préservation (qui a bien vu aussi l’intérêt économique de la démarche) ne s’en empare et la ressuscite littéralement. Le dessin animé CARS, blockbuster mondial qui traite justement de ce sujet, a fait le reste et aujourd’hui, on peut considérer que la 66 est sauvée.
Mais justement parce qu’elle revient de loin, la route est en perpétuelle évolution et un RB fiable est avant-tout un RB à jour.
Celui que m’a fourni mon agence (protégé par copyright et que je ne mettrai donc pas en ligne) comptait 72 pages, c’est-à-dire entre 3 et 4 pages par étape; en croisant un RB fiable avec son GPS, on obtient un suffisamment bon tracé pour se planter à dose raisonnable.
© All Ways on Wheels
Je déconseille l’export du RB dans le GPS: le RB est infiniment plus pratique et lisible sous sa forme papier, on voit du premier coup d’œil le changement de direction suivant… ou celui d’après quand on a raté un embranchement ou une sortie. Le GPS prend alors le relais pour vous conduire directement au point suivant plutôt que de faire demi-tour.
Pensez à imprimer un 2ème exemplaire du RB avant le départ et mettez-le en lieu sûr.
Enfin, c’est un confort appréciable que de disposer, avec l’agence, d’un interlocuteur joignable jusqu’au dernier moment – ou sur la route – pour répondre aux questions ou problèmes ponctuels.
Sur la question économique, les formules varient selon les agences et les tarifs aussi. On peut imaginer qu’organiser son voyage seul revient moins cher mais c’est à démontrer en fonction de la saison choisie, des options etc. L’agence peut en outre bénéficier de tarifs négociés sur les hôtels et la location de la moto, donc il est indispensable de comparer.
L’Old chain of rocks bridge qui enjambe le Mississippi et marque le passage entre l’Illinois et le Missouri
On pourra déjà se faire une idée du prix de la location de la moto sur le site d’EAGLERIDER, le plus grand loueur de motos au monde, qui nous a fourni notre Electra Glide. Du solide et du super pro.
Eaglerider, Chicago
Sans préjuger de la fiabilité de ce RB, voici un lien vers un pdf. en français très complet qui regroupe l’itinéraire, les points d’intérêt, les circuits au sein des Parcs Nationaux etc. (le document se télécharge automatiquement):
Road-Book Route 66
2. PRÉPARATION AU DÉPART
– L’ÉQUIPEMENT
L’une des clés de la réussite du voyage en autonomie tient certainement dans la qualité, l’utilité et le bon choix de ses équipements en fonction de ses besoins.
Mais pour savoir quoi emporter, encore faut-il savoir combien on peut emporter.
1. Les bagages
Là où une location préalable d’une Harley avant le départ présente un avantage supplémentaire est de pouvoir faire un test grandeur nature d’emport des bagages. J’ai ainsi tout de suite vu que mes sacoches intérieures Touratech ne me seraient d’aucun intérêt, tellement elles différaient de la forme spécifique des valises latérales de l’Electra Glide.
A l’inverse, j’ai constaté que mes 2 sacoches intérieures GS/BMW tenaient pile poil dans le top-case.
De même, mon top-case souple BMW s’adaptait parfaitement au porte-bagage de la moto, avec les quatre petites sangles (taille S) d’origine. L’agence a pu ensuite me garantir que je disposerai d’une moto avec porte-bagages, ce qui n’est pas si facile à obtenir, toutes les Harley de location n’en étant pas pourvues – or, il faut en être absolument certain, sous peine de devoir abandonner le bagage sur place ou le renvoyer chez soi par DHL!
Pour les valises latérales, jolies sur l’Electra Glide mais tarabiscotées, une seule solution: acheter chez Harley ou sur Internet les sacoches intérieures correspondantes. Je les ai trouvées à 80 euros la paire et revendues sans difficulté à mon retour.
À savoir : les valises sont légèrement différentes d’une Electra Glide à une autre (Ultra Classic, Ultra Limited etc.) ou sur un même modèle d’une année à l’autre. Si le loueur ne peut vous fournir ces infos avant le départ, pas de panique: les sacoches sont assez souples pour s’adapter à peu près correctement à tous les modèles.
J’ai pris pas mal de pluie jusqu’au Texas et essuyé deux orages monumentaux dans le Missouri. Je peux affirmer que les valises latérales et le top-case de la Harley sont parfaitement étanches malgré les trombes d’eau qui se sont abattues sur moi.
Si vous emportez un bagage extérieur à fixer sur le porte-bagage, il doit être étanche ou prévoyez une housse imperméable qui le recouvre intégralement.
On pourra penser que ça fait pas mal de bagages tout ça… Pas faux mais, perso, je me trimballais avec mon matos photo qui réclamait de l’espace (un boîtier, 2 objectifs, des accessoires…) et d’autre part, n’oubliez pas de prévoir de l’espace libre pour toutes les babioles que vous comptez rapporter chez vous, faisant ainsi la joie de vos proches et amis.
L’ensemble de nos bagages (avec les casques)
Le sac-à-dos est à proscrire (sauf celui, léger et sans risques, contenant le camelback): source de problèmes de dos de toutes natures, hyper dangereux en cas de chute (des objets pointus peuvent toucher la colonne vertébrale) et gênant pour votre passager/gère.
2. Le casque
On peut louer son casque chez le loueur de motos mais je le déconseille fortement: pas hygiénique même avec un sani-tête, pas sûr (ce casque a t-il déjà été accidenté?) et pas confortable (les modèles proposés sont archi-basiques, les mousses internes sont usées, la mentonnière vous scie le cou etc.).
On a donc tout intérêt à venir avec le sien: certaines compagnies aériennes n’acceptent en cabine que les casques JET et proscrivent les intégraux et modulaires (et on ne met jamais son casque en soute!), donc se renseigner auprès d’elle avant le départ. Autant que possible, choisissez un modèle avec un maximum d’aérations et une double visière normale/solaire.
Comme pour nombre d’autres lois aux USA, celle sur le port du casque varie selon les États traversés – vérifiez néanmoins l’évolution éventuelle de la législation fédérale:
Illinois: casque non obligatoire, sans aucune condition.
Oklahoma, Kansas, Nouveau–Mexique, Arizona: casque obligatoire pour les moins de 18 ans.
Texas: casque obligatoire pour les moins de 21 ans, pas obligatoire pour les autres à condition de souscrire une assurance complémentaire.
Missouri, Californie: casque obligatoire.
Attention : vous ne verrez pratiquement aucun biker local portant un casque. Mais les agences Harley-Davidson font signer un accord obligeant pilote et passager à porter un casque durant toute la durée de la location, y compris dans les États où le port du casque n’est pas obligatoire.
Le Rio Grande, NM
3. La tenue du motard
Son choix est dicté avant-tout par les conditions climatiques, la chaleur en particulier pour qui part en été.
Blouson: léger et avec la plus grande circulation d’air possible. J’avais choisi le blouson BMW Venting, disponible pour homme et femme, idéal mais pas donné (j’en ai retiré les coudières ainsi que la dorsale au profit d’une vraie dorsale). Je déconseille la veste en jean qui manque réellement de protection.
En dessous, un petit T-shirt hyper léger, respirant, matière synthétique anti-transpirant, facile à laver, séchage rapide (en prendre au moins une dizaine).
Pantalon: jean en kevlar (on peut retirer les protections pour s’alléger un peu). Léger et protecteur.
Chaussures: baskets de moto, à la fois légères, montantes et renforcées. Elles ne sont évidemment pas étanches mais l’Electra Glide protège très bien les pieds de la pluie. La visite des sites (parfois assez rude dans la caillasse) en est facilitée relativement à de vraies bottes de moto.
10 paires de chaussettes en coton, légères.
Gants: opter pour des gants enduro, légers, aérés et assez protecteurs en cas de chute. On peut emporter des sur-gants étanches mais le mieux est de se munir de 2 paires par personne (la paire trempée sera rarement sèche le lendemain!).
Combinaison de pluie: absolument indispensable (veste + pantalon), quelle que soit la saison! L’un de mes rares oublis et je l’ai payé cash puisque j’ai dû les acheter sur place en catastrophe, sous la furie des éléments, trempé comme une soupe, au prix fort chez un revendeur Harley! Pour me consoler, la combi Harley prend très peu de place (comme un Kway en boule) et est parfaitement étanche.
Camelback: LA condition de la survie par excellence! A partir du Texas, on boit en gros 3 litres d’eau/jour et par personne. A mesure qu’on s’enfonce dans le désert, la chaleur devient accablante et les points de vente de rafraîchissements se raréfient… J’avais choisi un modèle NORTH FACE, contenance 2 litres, dans un petit-sac-à-dos très léger.
Prévoir des bouteilles d’eau à emporter dans les longues portions désertiques pour recharger le camelback.
On conservera son camelback pendant la visite des sites où il peut faire très chaud et où les occasions de se désaltérer sont rares.
Casquette et foulard (ou tour de cou moto).
Autres: tenue confortable pour le soir (y compris chaussures), un pull léger quand les soirées sont fraîches.
4. Divers à emporter
– MiniMir pour sa petite lessive – des machines à laver/séchoirs à pièces se trouvent dans les parties communes de la plupart des hôtels de moyenne catégorie. Curieusement, j’ai eu un mal fou à trouver sur place des dosettes de lessive. À emporter depuis chez soi.
– Trousse de secours: prévoir la base, à savoir – Doliprane (paracétamol), anti-diarrhées, crème solaire, Biafine, désinfectant, coton, thermomètre, pansements (petits bobos et ampoules), antibiotique, anti-inflammatoire, anti-douleur costaud (codéïne ou au moins Doliprane 1000)… Les médicaments sont chers aux USA, pas toujours dispos selon la région, et il est parfois compliqué d’expliquer précisément ce dont on a besoin.
En contrepartie, on peut trouver des cachets (à l’unité!) type Doliprane dans la plupart des commerces touristiques, y compris certains restaurants!
– fiches adaptatrices 110/220V (au moins 2 ou 3 selon le nombre d’équipements à brancher). Tous les appareils relativement récents se branchent directement sur l’adaptateur sans besoin de transformateur. Des sèche-cheveux sont dispos dans tous les hôtels.
– GPS: délicat d’emporter le sien, même avec la carte USA dessus, car on ignore quel est le support GPS monté sur la moto! Le mieux est donc de louer le GPS avec la moto – note: sur le modèle Electra Glide Ultra Limited, le GPS est intégré dans la console centrale de la moto.
L’Ultra Limited avec GPS intégré
– 2 sangles fines.
– kit anti-crevaison: à acheter chez votre loueur sur place, vous trouverez exactement le kit nécessaire sans avoir à l’emporter avec vous.
– Lampe frontale ou Maglite.
– colliers de serrage RILSAN (grands, moyens, petits) + une petite pince.
– scotch épais – appelé aussi « gaffeur » dans le cinéma – scotch indispensable qu’on peut déchirer très facilement et qui ne laisse pas de traces collantes sur les supports sur lesquels on le fixe. Prévoir un rouleau.
5. Les formalités
– Entrée sur le territoire: depuis l’abandon du visa pour les ressortissants de la Communauté Européenne, il faut remplir et renvoyer le formulaire ESTA (valable 2 ans). Tout se fait par Internet, la réponse revient sous 15 jours, c’est relativement rapide mais ne pas s’y prendre la veille du départ!
– Santé: aucun vaccin n’est requis. Les autorités vous refuseront l’entrée en cas de maladie contagieuse grave (mentionnée par vous sur le formulaire ESTA).
– Documents: munissez-vous d’une photocopie de TOUS vos documents officiels (autorisation ESTA, passeport, permis de conduire, cartes de crédit recto-verso…) et placez-les en lieu sûr – ainsi que la copie du Road-Book, héhé!
Notez les cryptogrammes de vos cartes (par exemple dans votre smartphone) puis effacez-les physiquement des cartes (grattez-les ou masquez-les avec un feutre indélébile): ainsi, elles ne pourront pas être piratées en cas de perte ou de vol.
Un permis de conduire international n’est pas obligatoire mais pas superflu.
– Argent: on peut retirer de l’argent partout aux États-Unis. Privilégiez de petites sommes à chaque fois (par exemple 100 dollars) et répartissez-les dans deux endroits différents.
– Assurances: elles sont de 2 types – pour la moto, d’une part, pour le pilote et le passager, d’autre part.
La moto : l’assurance est comprise dans le prix de la location mais vérifiez qu’elle est bien Tous Risques. Une franchise (en général 1000 dollars) s’applique en cas d’accident responsable ou de vol; on peut racheter cette franchise (environ 150 dollars pour 3 semaines de location) mais elle reste applicable en cas de vol.
La moto vous sera fournie avec un ou deux antivols: un antivol souple (évitez l’antivol-chaîne, lourd et encombrant) et un bloque-disque (évitez le U pour les mêmes raisons). Bloquez toujours la colonne de direction après avoir garé la moto.
Le pilote : si vous avez réglé votre voyage avec une carte de crédit (généralement à partir du niveau PREMIER ou équivalent), vous bénéficiez d’une couverture santé + rapatriement mais vérifiez ce point auprès de votre banque. Si vous avez réglé par chèque, vous devrez normalement souscrire cette assurance (type Europ Assistance) mais certaines cartes la comprennent même si on n’a pas réglé avec. Vous serez également couvert en Responsabilité Civile (RC, en anglais: liability) mais uniquement pour les dommages que vous pourriez occasionner en dehors de la moto. Aucune carte de crédit, y compris VISA Infinite et AMEX Platinum, ne vous couvre en RC sur la moto. Il est donc prudent de souscrire cette assurance, soit auprès de votre agence avant le départ (environ 300 dollars couvrant des dommages jusqu’à 300.000 dollars), soit en arrivant sur place, soit auprès de votre compagnie d’assurance si elle le propose.
Le passager : il doit vérifier qu’il dispose des mêmes assurances santé et rapatriement que le pilote, en particulier s’il n’a pas réglé lui-même le voyage ou au moins une partie du voyage par carte de crédit. Pour la RC, sur ou hors la moto, elle se souscrit à part – environ 45 euros pour 1 mois (à souscrire absolument).
3. EN ROUTE
– LES HÔTELS
Je consacre un chapitre aux hôtels car ils ont représenté le seul point noir de mon voyage.
Si l’on est un tant soit peu exigeant à ce sujet, il faut être précis dans sa demande vis-à-vis de l’agence, laquelle s’efforce d’abord de trouver des chambres disponibles aux dates prévues, confortables, et au meilleur prix. Le plus sage est donc d’aller vérifier sur Internet chacun des établissements retenus (et encore ne s’en fait-on qu’une idée très générale, c’est une fois sur place qu’on découvre la réalité!) et le cas échéant, rectifier le tir avec l’agence.
Or, je n’avais formulé d’exigence que sur les hôtels de départ (Trump Tower à Chicago) et d’arrivée (Casa del Mar à Santa Monica).
Pour les hôtels « en route », je pensais que ça avait moins d’importance, que j’y arriverai lessivé et que je ne ferai qu’y dormir pour repartir tôt le lendemain matin.
Grave erreur.
Tulsa, OK
Les hôtels que je n’ai (vraiment) pas aimés
A quelques exceptions près que je mentionne ci-après, j’ai été majoritairement logé dans les deux grandes chaînes américaines: HOLIDAY INN et BEST WESTERN.
Le fronton d’inspiration grecquo-romaine, le lobby, les couloirs, les chambres sont identiques d’un hôtel à l’autre.
Le service est basique et impersonnel.
Il n’y a généralement pas de restauration, donc il vous faudra ressortir pour dîner; à moins que vous ne cherchiez un restau en particulier (certains sont vraiment immanquables, voir plus loin!) qui vous oblige à reprendre la moto, ces hôtels sont construits dans des zones périphériques où on trouve facilement BurgerMachin ou ChickenTruc à quelques mètres à pied. Quand on est trop crevé le soir pour aller ailleurs, c’est là qu’on finit.
Attention : sortis des grandes villes, les petits restaus et fast-foods ferment tôt et vous ne trouverez plus rien d’ouvert après 21h/21h30!
La riante salle commune de l’Holiday Inn
En revanche, ces hôtels proposent un service de petit déjeuner à partir de 6h du matin. S’il n’est pas compris dans le prix de la chambre, ne le prenez surtout pas en supplément car il est dégueulasse. Allez plutôt chez DENNY’S, une chaîne présente partout dans le pays, qui sert des breakfasts délicieux.
La joyeuse réception de l’Holiday Inn
Les chambres sont très confortables, pas de doute là-dessus. Pour la déco, on repassera mais Starck ne peut pas être partout! – et soyons honnêtes, on fait rarement la Route 66 parce qu’on aime les belles chambres d’hôtel.
Le vrai problème est ailleurs: une fois dans la chambre, on est dans une boîte climatisée dont il est impossible d’ouvrir les fenêtres. Pourquoi? A cause des lois anti-tabac qui veulent dissuader jusqu’au fumeur qui prétendrait sacrifier à son vice par la fenêtre. Au point que dans les établissements plus anciens, quand les fenêtres étaient encore prévues pour être ouvertes, elles ont été depuis rivetées ou soudées.
Même quand on n’est pas claustrophobe, cette sensation d’enfermement en même temps que le caractère immuable du décor jour après jour – on est perpétuellement dans le même hôtel – sont très pesants.
La désopilante chambre de l’Holiday Inn
Bref, je recommande chaudement une solution qui peut même s’avérer plus économique: le motel, chaque fois que possible. C’est parfois plus petit et/ou un peu moins confortable mais plus cosy et souvent plus authentique – ou plus roots; et, en tout cas, on dispose de sa petite terrasse perso où se détendre au soleil, boire son café du matin, son apéro le soir, bouquiner et même, eh oui, fumer sa petite clope!
Tout cela, en contemplant son Electra Glide qui scintille sous les premiers rayons de Phebus: la moto est ainsi chargée le matin ou déchargée le soir en un tournemain, plutôt que de devoir s’avaler 2 kms de couloirs en poussant un chariot à bagages (qu’il aura fallu aller préalablement chercher au lobby), prendre un ascenseur, traverser 2 kms de parking puis faire le chemin en sens inverse aux fins de ramener ledit chariot à son port d’attache.
Le lourdingue trolley de l’Holiday Inn
Dans un style différent des deux chaînes ci-dessus citées, et un peu plus coûteux, on pourra opter pour les hôtels MARRIOTT.
Ça reste assez standardisé mais le décor est plus raffiné, le breakfast nettement meilleur et, avec un peu de chance, on peut parfois obtenir une chambre avec un balcon (concept totalement inconnu des architectes d’Holiday Inn et Best Western).
Enfin, j’ai conclu mon périple à la Casa del Mar de Santa Monica, une arnaque imbuvable à 600 dollars la nuit. C’était pourtant à ma demande expresse, histoire de finir en beauté! Comme quoi on peut se tromper lourdement, même après avoir fait le tour de la Toile à la recherche d’un hôtel de rêve. Sur leur site, c’est très joli. Sur place, c’est le mépris total pour qui se pointe en jean et en bécane et la « vue sur mer » hors de prix se contemple par un vasistas – pas de balcon à ce tarif.
Les hôtels que j’ai aimés:
À Chicago, IL
Trump Tower Hotel
À Springfield, MO
Best Western Rail Haven – quand il s’agit d’un motel, même Best Western est capable de miracle!
À Santa Fe, NM
Courtyard Marriott Santa Fe – des chambres toujours un peu « claustro » mais le style est sympa et il y a une belle cour intérieure où boire un verre.
À Kayenta, AZ
Hotel Wetherill Inn – simple et clean. On peut aller prendre l’air sous la galerie.
À Flagstaff, AZ
Courtyard Marriott Flagstaff – très chouette hôtel, vraiment réussi, excellent service. Demandez une chambre avec balcon.
Les hôtels où j’aurais (sans doute) aimé aller
Dans certaines villes ou sur certains sites, j’ai parfois remarqué un hôtel qui m’a donné des regrets. C’est une impression purement subjective et je ne garantis rien puisque je n’y suis pas descendu – dans certains cas aussi, on ne fait que passer et une nuit sur place n’est pas compatible avec le programme.
Enfin, ces hôtels peuvent alourdir la facture ou être en NO VACANCY (complet) au moment de votre passage.
À Holbrook, AZ
Wigwam Motel
À Santa Fe, NM
La Fonda Hotel
À Monument Valley, UT
The View Hotel
À Grand Canyon, AZ
El Tovar
– LES RESTAURANTS
Je l’ai dit en préambule, cet article n’a pas vocation à se poser en ersatz du bon Guide de la Route 66.
Ce n’est pas une raison pour ne pas signaler quelques restaurants quand ils sont peut-être connus mais excellents ou qu’on les a au contraire dénichés par hasard.
À Chicago, IL
Le Morton’s: l’une des meilleures viandes de la ville, très bons vins. Cher (100$/p).
Lou Mitchell’s: on ne le dira jamais assez, c’est LE point de départ historique et mythique de la 66! Très bon accueil, avec petite terrasse sur le trottoir. Cuisine simple, excellents hamburgers, pas du tout MacMachin.
À Litchfield, IL
Ariston Café: autre passage obligé de la 66, c’est un endroit vraiment agréable, où on se sent bien, situé sur un ancien tronçon de la Route (Old Route 66). Cuisine standard.
À Cuba, MO
Missouri Hick Bar-B-Q: posé dans une sorte de No Man’s Land, à l’entrée de la ville, on n’y va pas pour sa vue imprenable. En revanche, il y a une grande terrasse couverte à l’extérieur et la cuisine est excellente.
À Amarillo, TX
Big Texan Steak Ranch: encore une icône gastronomique du parcours. La salle sur 2 niveaux est gigantesque et la qualité de la viande, fabuleuse.
Pendant que vous dînez tranquillement, vous pourrez suivre le duel de deux débiles qui s’efforcent d’engloutir une entrecôte de 2 kgs en moins d’une heure, pommes de terre à la crème fraîche comprises.
À Santa Fe, NM
Le Tomasita’s: restaurant mexicain mythique, très bonne cuisine (tapas d’enfer!) et lieu agréable. Assez cher (60$/p).
Santa Fe, NM
Bien souvent, la fatigue vous conduit le soir au fast-food du coin et les occasions de faire bombance sur la 66 sont rares. Aussi, profitez-en quand l’occasion se présente, même quand c’est cher, le budget s’équilibre sur l’ensemble du parcours.
4. PRÉPARATION AU RETOUR
Plus rapidement que je ne l’avais imaginé, avec même une forme d’incrédulité, j’étais au bout de la Route.
J’avais fait la 66.
Celle-ci s’achève à Santa Monica, la sympathique banlieue chic et non-fumeur de Los Angeles, où l’on n’aime ni beaucoup les bikers ni beaucoup les pauvres.
Honnêtement, l’atterrissage est rude et je suggère, une fois la photo de l’ultime panneau dans la boîte, d’aller plutôt flâner et dormir à Venice, le quartier limitrophe, très bobo certes, mais nettement plus décontracté.
Une alternative sympa est de prendre la Pacific Coast Highway et de remonter vers San Francisco, une ville infiniment plus intéressante et photogénique que Los Angeles. Le trajet se fait dans la journée. On peut alors restituer la moto à SF et y prendre son avion de retour.
C’est une route que j’avais déjà faite quelques fois et je me suis contenté, pour mon dernier jour à LA, de visiter le magnifique Musée Getty sur la colline de Brentwood.
Le Musée Getty
Un peu plus tôt, j’avais rendu – avec un pincement au cœur, je l’avoue – mon Electra au concessionnaire Eaglerider local qui a fait preuve de la même efficacité qu’au départ de Chicago: le retour de l’engin a pris 10 minutes montre en main.
Eaglerider, Los Angeles
L’Electra après ses 3976 miles
En conclusion, quoi?
J’ai traversé pas mal de pays dans ma vie et, comme motard, je commence aussi à avoir quelques bornes au compteur.
Mais la Route 66 restera indéniablement l’un des plus beaux voyages que j’ai faits et sa dimension mythique, historique et sociale n’est pas pour rien dans ce sentiment très fort. Le souvenir en est d’autant plus vif que je n’ai pas subi la moindre galère, même pas une crevaison lente ou une panne d’essence en plein désert.
Jamais non plus, à quelque endroit du parcours et qu’elles qu’aient pu être les circonstances, je ne me suis senti autrement qu’en totale sécurité.
J’ai d’autres rêves à moto – la Transaméricaine en 1200 GS (Lima-Ushaïa, 4800 kms), le Cap Nord en 1200 GS (le Pôle Nord depuis Paris), une boucle Inde-Népal-Tibet-Bhoutan en Royal Enfield, la boucle du Triangle d’Or (Thaïlande, Laos, Birmanie) – et je reviendrai, j’espère, noircir bientôt ces colonnes de mes prochains carnets motocyclistes.
Mais ceci est une autre histoire.
Ou même plusieurs…
Chez Eaglerider, Los Angeles
(plus que 9000 bornes à se faire pour être à la maison)
Sandro Agénor, février 2015
BIBLIOGRAPHIE
Les sources relatives à la Route 66 sont nombreuses, en particulier sur Internet, et le plus difficile est surtout de parvenir à y faire le tri.
Je me limiterai donc à mentionner les ouvrages qui m’ont principalement aidé à préparer ou effectuer mon voyage.
– ÉTERNELLE ROUTE 66
Au cœur de l’Amérique
par M-S. Chabres & J-P Naddeo, Ed. Gründ
La Bible – à lire plutôt au retour car Elle est tellement complète avec tant de photos qu’on bouffe un peu le suspense! Tout le trip, étape par étape, y est décrit en détails et l’ouvrage est très bien édité. Son format décourage, hélas, de l’emporter avec soi et on rêve d’une version guide de voyage à glisser dans le top-case.
– MAGAZINE FREEWAY & ROAD TRIP
American Trip, les États-Unis en Harley-Davidson
Hors-série n° 91 (juillet/août 2014)
– LE PETIT FUTÉ, Route 66
Indispensable pour choisir notamment hôtels et restaurants en toute connaissance de cause.
– FIELD GUIDE TO THE SOUTHWESTERN STATES
P. Alden & P. Friederici, Ed. Audubon Society
Excellent guide, en format voyage et facile à emporter, qui décrit la faune et la flore rencontrées au long de la plus grande partie de la Route 66. En anglais.
– NATIONAL PARKS & STATE PARKS of the United States
Ed. National Geographic
Plusieurs guides disponibles, magnifiquement édités comme toujours chez National Geographic. En anglais.
REMERCIEMENTS
THANKS
Dominique aka Dom, Paris, FR
Philippe, Catherine & Coralie, Bédoin, FR
Tessa, Tucumcari, USA
Roberta & Roberto, Venice, USA
PORTFOLIO
LÉGENDE
IL, ILLINOIS
MO, MISSOURI
KS, KANSAS
OK, OKLAHOMA
TX, TEXAS
NM, NEW MEXICO
AZ, ARIZONA
UT, UTAH
CA, CALIFORNIA
CHICAGO, IL
GEMINI GIANT
WILMINGTON, IL
CUBA, MO
ELBOW INN BAR & BBQ
ROUTE 66, MO
GALENA, KS
ROUTE 66, OK
ROUTE 66, TX
SHAMROCK, TX
CADILLAC RANCH, TX
MADRID, NM
66 CAFE
ALBUQUERQUE, NM
LUPTON, AZ
MONUMENT VALLEY, AZ & UT
HORSESHOE BEND, AZ
ANTELOPE CANYON, AZ
GRAND CANYON, AZ
TUSAYAN, AZ
PETRIFIED FOREST, AZ
PAINTED DESERT, AZ
SELIGMAN, AZ
COMTÉ DE MOHAVE, AZ
ROY’S MOTEL AND CAFE
AMBOY, CA
BAGDAD CAFE
NEWBERRY SPRINGS, CA
ELMER’S BOTTLE TREE RANCH
HELENDALE, CA
Thierry 83
15 octobre 2021Mon voyage prévu pour l’an prochain, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ton expérience sur cette route mythique ✌
Sergio
10 juin 2020Merci pour témoignage sincère et plein d idées
Jean Paul
21 avril 2020Bravo et merci pour ce témoignage qui sent l’objectivité.
Très belles photographies aussi !
Je m’attendais à une synthèse un peu plus détaillée sur les aspects spécifiques de la moto, car certains se disent « motard » et pensent se lancer sur la Route 66, alors que leur plus grande virée a duré 72 h jusque là …
chant38
26 février 2019Nous préparons un trip route 66 avec des copains dans le futur et chapeau pour le blog, tout est clair et complet, le must… merci et bonne route.
LaurentH75
7 janvier 2017Bravo, SANDRO, pour ce récit,
J’ai vécu à peu de chose près la même expérience que toi en 2008.
Sauf que nous avions constitué un groupe de copains mais nous ne roulions pas à plus de 4 motos et nous retrouvions le soir. C’était sympa.
Même galère pour les hôtels.
Etant seul j’ai choisi une Road King, le pied.
Et surtout l’impression d’être un pionnier tout le long de la route !
Potato 31
18 mai 2016Occupé à préparer « ma » Route 66, j’ai trouvé ton blog via le site http://www.historic-route66.com/driving.htm
Je voudrais simplement te remercier. J’ai déjà lu beaucoup de comptes-rendus, celui-ci est le Pulitzer.
Bravo.